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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/49

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rayon de soleil de pénétrer dans les appartements. On est dans une obscurité presque complète, ce qui d’ailleurs est assez indifférent aux dames brésiliennes, car elles ne se fatiguent pas les yeux à lire ou à travailler.

La ville n’a donc, ni dans ses places, ni dans ses rues, ni dans ses monuments, rien de remarquable à offrir aux étrangers. On ne rencontre que des créatures repoussantes, des nègres et des négresses avec de vilains nez aplatis, de grosses lèvres et des cheveux courts et crépus. En outre ils sont presque toujours à moitié nus, et n’ont que de misérables haillons ; quelques-uns sont habillés à l’européenne avec les vieux habits râpés de leurs maîtres. Pour quatre ou cinq noirs on rencontre un mulâtre, et par-ci par-là seulement on voit apparaître un blanc. Cet aspect est rendu plus horrible encore par les nombreuses infirmités qui attristent le regard à chaque pas : la plus commune est l’éléphantiasis, qui dégénère souvent en affreux pied-bot ; il y a aussi beaucoup d’aveugles. La laideur générale s’étend jusqu’aux chiens et aux chats, qui parcourent les rues en grand nombre ; ils sont pour la plupart pelés ou couverts de plaie et de gale.

Je voudrais pouvoir transporter ici les voyageurs qui se plaignent des rues de Constantinople, et qui disent que l’intérieur de cette ville détruit l’effet de l’extérieur. Il est vrai que l’intérieur de Constantinople est aussi très-sale, que ses petites maisons, ses rues étroites, ses chemins tortueux, ses chiens dégoûtants, ne présentent pas au voyageur un spectacle très-pittoresque ; mais bientôt il voit de magnifiques constructions du temps des Maures et des Romains, de superbes mosquées, de majestueux palais ; il traverse des cimetières immenses et des bois de cyprès qui le font rêver. Il se range pour laisser passer un pacha ou un grand-prêtre monté sur un magnifique coursier, et entouré d’une brillante escorte ; il rencontre des Turcs drapés dans leurs beaux costumes, des femmes