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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/53

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qu’un esclave s’est rendu coupable d’un délit qui l’expose à un châtiment, il cherche ordinairement à se réfugier auprès d’un ami de son maître, et le prie d’écrire un mot pour obtenir la remise de sa peine. Celui qui donne une lettre semblable reçoit le titre de parrain, et ce serait lui faire une grave injure que de repousser sa requête. Je fus assez heureuse pour soustraire de cette manière un esclave à la punition qui l’attendait.

Rio-de-Janeiro est assez bien éclairée, ainsi que ses faubourgs dans un rayon assez considérable ; c’est une mesure qui a été prise à cause du grand nombre des noirs. Passé neuf heures du soir, les noirs ne doivent plus se montrer dans les rues sans avoir un billet de leur maître, constatant qu’ils sortent par son ordre ; quand on en trouve un qui n’est pas muni de ce billet, on le mène aussitôt à la maison de correction, où on lui rase la tête et où on le garde jusqu’à ce que son maître vienne le racheter moyennant quatre ou cinq milreis[1]. Grâce à cette disposition, on peut circuler avec assez de sécurité dans les rues à toute heure de la nuit.

Un des plus grands inconvénients de Rio-de-Janeiro est le manque complet d’égouts. Par les fortes pluies, les rues deviennent de véritables torrents que l’on ne peut passer à pied : on est obligé pour les traverser de se faire porter par des nègres. Ordinairement alors toutes relations cessent, les rues sont désertes : on ne se rend à aucune invitation ; on n’acquitte même pas les lettres de change. On hésite à prendre une voiture, car les tarifs sont si ridicules que l’on paye pour la moindre course comme pour une journée entière. Dans un cas comme dans l’autre, on donne toujours six milreis. Les voitures sont à moitié

  1. Un milreis vaut en monnaie autrichienne 1 florin 7 kreutzers, et en monnaie française 2 fr. 38 c.