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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/58

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Le 2 novembre, jour des Morts, je vis encore des fêtes d’un autre genre, fêtes toutes religieuses. Ce jour-là, jeunes et vieux vont d’une église à l’autre prier pour les morts.

Une singulière coutume établie au Brésil, c’est que tous les morts ne sont pas enterrés dans les cimetières ; mais quelques-uns, moyennant une rétribution particulière, sont enterrés dans l’église même. À cet effet, on a construit dans chaque église des caveaux dont les côtés contiennent des catacombes en pierre. On jette de la chaux sur le mort déposé dans ces catacombes, et, au bout de huit ou dix mois, la chair est consumée. On retire alors les os, on les nettoie en les faisant bouillir, et on les place dans une urne, sur laquelle on met le nom du défunt, le jour de sa naissance, etc. Ces urnes sont placées dans les corridors, ou emportées par les parents dans leurs maisons.

Le jour des Morts, les murs des caveaux sont tendus d’étoffes noires, avec des franges d’or et d’autres ornements. Les urnes sont placées sur des tables élevées, richement ornées de fleurs et de rubans, et éclairées par des candélabres et des lustres chargés de centaines de bougies. Depuis les premières heures du matin jusqu’à midi, la foule afflue ; les femmes et les jeunes filles viennent prier pour leurs parents morts, et les jeunes gens sont aussi curieux que chez nous, en Europe, de voir les jeunes filles prier.

Femmes et jeunes filles vont ce jour-là vêtues de noir, et portent souvent, au grand déplaisir des jeunes gens, un voile noir qui leur couvre la tête et la figure. D’ailleurs, on ne peut aller à aucune fête d’église avec un chapeau.

La plus brillante de toutes les fêtes que je vis ici fut le baptême de la princesse impériale. Cette cérémonie eut lieu le 15 novembre, dans la chapelle de la cour, qui, pour