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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/73

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mais une compagnie qui nous amusa beaucoup. Une famille de mulâtres attira surtout mon attention. La femme, beauté assez massive, d’une trentaine d’années, était parée comme ne le serait pas chez nous une femme du plus mauvais goût : elle portait tous ses bijoux sur elle. Partout où elle avait pu mettre des diamants et de l’or, elle n’y avait pas manqué. Une robe de soie épaisse et un châle magnifique couvraient son corps brun foncé, et un petit chapeau de soie blanche, mignon et coquet, était comiquement placé sur son énorme tête. Le mari et les cinq enfants faisaient un digne pendant à leur épouse et mère. Il n’y avait pas jusqu’à la bonne d’enfant, une négresse pur sang, qui ne fût surchargée d’ornements. Elle avait à un bras cinq bracelets et six à l’autre : c’étaient des bracelets en pierre, en perles et en coraux ; mais, autant qu’il me sembla, ils n’étaient pas de la plus belle qualité.

Quand la famille partit, il arriva deux landaus attelés de quatre chevaux, dans lesquels monsieur, madame, les enfants et la bonne, montèrent avec une dignité également majestueuse.

Je regardais encore les voitures, qui se dirigeaient avec une grande rapidité vers la ville, quand un cavalier nous aborda en nous saluant gracieusement : c’était notre ami M. Geiger. Quand il apprit que nous voulions passer la nuit dans cet endroit, il nous engagea à l’accompagner à la propriété de son beau-père, située dans le voisinage.

Nous y fîmes connaissance d’un digne vieillard de soixante-dix ans, qui était encore directeur de la Société d’architecture et des arts plastiques. Nous admirâmes son beau jardin et sa coquette habitation, construite dans le style italien et avec beaucoup de goût.

Le lendemain, de grand matin, j’allai avec le comte Berchthold au jardin botanique, que nous avions un très-grand désir de visiter : nous espérions y voir des arbres et des fleurs de tous les pays dans leur plus grande beauté ;