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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/83

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constructions dans le voisinage du château ; les agriculteurs étaient établis sur des emplacements plus considérables, mais qui n’avaient pas cependant plus de deux ou trois arpents. Quelle misère ne faut-il pas que ces braves gens aient soufferte dans leur patrie pour aller chercher quelques arpents de terre dans un autre hémisphère !

Nous retrouvâmes ici avec son fils notre bonne petite vieille, qui avait fait avec nous le voyage d’Allemagne à Rio-de-Janeiro. La joie de pouvoir travailler à côté de son cher enfant l’avait rajeunie. Son fils fut notre guide ; il nous conduisit partout dans la nouvelle colonie. Elle est établie dans des gorges larges ; les montagnes qui l’entourent sont tellement à pic, que lorsqu’elles auront été déboisées et transformées en jardins, la terre végétale sera facilement entraînée par les fortes pluies.

À une legua de la colonie, il y a une cascade qui se précipite dans un gouffre naturel. Elle est plus remarquable par les belles montagnes où elle est enfermée, par la sainte obscurité des forêts vierges qui l’entourent, que par la hauteur ou l’abondance de la chute.

29 septembre. Malgré notre accident, nous revînmes à Porto d’Estrella à pied ; nous montâmes dans une barque, et nous naviguâmes par une belle nuit vers Rio-de-Janeiro, où nous arrivâmes heureusement le matin.

Partout, à Pétropolis comme dans la capitale, on s’étonna beaucoup de l’attaque à laquelle nous avions été exposés, et sans nos blessures on n’aurait pas voulu y croire. On prétendait que le drôle était ivre ou fou. Ce n’est que plus tard que nous sûmes le véritable motif qui l’avait poussé. Son maître l’avait châtié peu auparavant pour quelque délit quand il nous rencontra dans la forêt, et il crut sans doute qu’il s’offrait à lui une occasion de satisfaire impunément sa fureur contre les blancs.