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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/87

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ble alors tout à fait à de la fécule grossière et se consomme en guise de pain, ou mouillée ou sèche.

Dans le premier cas on apprête la farine avec de l’eau chaude et on en fait une sorte de bouillie ; dans le second, on la sert dans de petits paniers, et chaque convive en prend autant qu’il en veut pour en répandre sur les mets.

4 octobre. Les montagnes se resserrent de plus en plus et les bois deviennent plus épais et plus touffus. Ce qui est d’une beauté au-dessus de toute description, ce sont les plantes grimpantes qui ne couvrent pas seulement tout le sol, mais qui s’enlacent si bien aux arbres que leurs belles fleurs pendent aux branches les plus élevées et semblent une floraison merveilleuse des arbres eux-mêmes ; il y a aussi des plantes dont les touffes de feuilles jaunes et rouges ressemblent aux plus belles fleurs ; on en voit d’autres dont les grandes feuilles blanches brillent comme de l’argent au milieu d’une mer de verdure. On pourrait vraiment appeler ces bois les jardins gigantesques du monde. Les palmiers ont presque entièrement disparu.

Nous fûmes bientôt arrivés au pied de la montagne que nous avions à franchir. Nous atteignîmes quelquefois des points si élevés et si découverts, qu’en jetant nos regards en arrière nous apercevions jusqu’à la capitale. Nous trouvâmes une venda sur le sommet de la montagne (Alla da Serra, à 4 leguas de Mendoza). De ce point il y a encore 4 leguas jusqu’à Morroqueimada. Nous fîmes ce chemin très-lentement, car il fallait toujours monter et descendre. Nous étions presque toujours entourés de tous côtés de superbes forêts, et quelques petites plantations de cabi[1] ou de millet nous rappelaient rarement le voisinage des hommes. Nous n’aperçûmes la petite ville qu’après avoir passé la dernière colline et qu’en nous trouvant pour

  1. Cette herbe d’Afrique, qui vient très-haute en forme de jonc, est plantée dans tout le Brésil, où l’herbe ne pousse pas d’elle-même.