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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/93

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Le 7 octobre, nous ne fîmes également qu’une petite journée de 5 leguas, jusqu’à la petite ville de Canto-Gallo. Le pays ne changea pas d’aspect : ce furent toujours des vallées étroites sans aucune vue, et des montagnes couvertes de bois dont on n’apercevait pas la fin. Si quelques faziendas éparses ou quelques incendies dans les bois ne vous rappelaient la présence de l’homme, on pourrait s’imaginer qu’on foule une partie encore inexplorée du Brésil.

La monotonie de ce voyage ne fut interrompue que par un simple hasard qui nous détourna un peu de notre route. Pour retrouver notre chemin, il nous fallut traverser des voies non frayées dans le bois, tâche dont aucun Européen ne saurait se faire une idée. Nous descendîmes de nos montures ; notre guide coupa à droite et à gauche les branches d’arbres qui pendaient jusqu’à terre, et fendit le réseau serré des plantes grimpantes. Tantôt nous étions obligés de grimper par-dessus des troncs brisés, ou de nous frayer un passage au milieu des souches ; tantôt nous enfoncions jusqu’aux genoux dans d’innombrables plantes grimpantes. Je doutai plus d’une fois de la possibilité de sortir de ce labyrinthe, et aujourd’hui encore j’ai de la peine à comprendre comment nous pûmes nous tirer de ce dédale de plantes.

La petite ville de Canto-Gallo, située dans une vallée étroite, compte à peine quatre-vingts maisons. La venda est dans un endroit isolé d’où l’on n’aperçoit pas la ville. Ici, la température est aussi chaude que celle de Rio-de-Janeiro.

À mon retour d’une petite promenade à la ville, je m’assis dans la venda, à côté de mon hôtesse, pour voir de plus près l’organisation d’un intérieur brésilien. Mais la bonne hôtesse ne s’occupait guère du ménage et de la cuisine. C’est l’affaire du mari, comme en Italie. Une négresse et deux négrillons s’occupaient de la broche et