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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/95

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oiseaux, que je ne connaissais que pour les avoir vus dans des musées, animaient ce bois enchanté. Il me semblait que j’étais dans le parc d’une fée, et à tout instant je croyais voir paraître des sylphes et des nymphes.

J’étais au comble du bonheur, et je me trouvais amplement dédommagée des fatigues de mon voyage. Une seule pensée vint jeter une ombre sur ce tableau plein de vie et de lumière : le faible mortel ose entrer en lutte avec cette nature gigantesque pour l’assouplir à sa volonté. Bientôt peut-être ce calme profond et sacré sera troublé par la hache retentissante de hardis et avides colons, épuisant toute leur industrie pour satisfaire aux besoins croissants de la vie.

En fait d’animaux dangereux, je ne vis que quelques serpents d’un vert foncé et longs d’un mètre et demi à deux mètres ; une once tuée, qu’on avait dépouillée de sa peau ; un lézard d’un mètre de long, qui traversa la route avec inquiétude. Quant aux singes, je n’en aperçus nulle part. Ils semblent se cacher avec plus de soin encore, dans ces bois où le pas de l’homme ne vient pas troubler leurs sauts et leurs ébats.

Sur toute la route de Canto-Gallo, jusqu’au petit village de Santa-Ritta (4 leguas), nous ne rencontrâmes que quelques plantations de café qui nous prouvèrent que le pays n’est pas entièrement désert.

Près de Santa-Ritta, dans la rivière du même nom, il y a quelques lavages d’or, et, non loin de là, on trouve aussi des diamants. Depuis que le gouvernement impérial a renoncé au monopole des fouilles, chacun est libre de chercher des diamants ; cependant on y met d’ordinaire le plus grand mystère possible.

Personne ne veut avouer quel est l’objet de ses recherches, parce qu’on désire frustrer l’État de la part qui lui revient légalement. Les pierres précieuses, amenées en certains endroits, après de fortes ondées, parmi les terres,