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Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/209

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Les deux voyageurs

Deux Voyageurs marchaient de compagnie dans les étroits sentiers de montagnes inconnues et de vallées tortueuses ; comptant bien, l’un et l’autre, en réunissant leurs forces, parer à tous les dangers que le sort leur enverrait. Tandis qu’ils cheminaient, s’entretenant de choses et d’autres, paraît tout à coup un ours au milieu du chemin. L’un d’eux, d’un saut agile, monte sur un chêne, et, tout tremblant, se tient suspendu au milieu de son vert feuillage ; l’autre, sans chercher à fuir, se laisse tomber, se couche par terre et fait le mort. L’animal féroce, alléché par cette proie, court à l’instant sur le malheureux, le soulève et lui fait sentir ses ongles crochus. L’effroi qu’éprouve le Voyageur donne à ses membres la raideur de la mort (car la chaleur vitale avait abandonné tout son corps). L’ours, quoique affamé, abandonne ce qu’il prend pour un cadavre qui sent, et retourne en sa caverne. Quand nos deux Voyageurs, peu à peu rassurés, renouèrent l’entretien, celui qui, tout à l’heure,