Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/225

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Le chasseur et le lion

Un Chasseur et un fier Lion disputaient depuis longtemps entre eux la question de supériorité. Comme ils désiraient vider pour toujours leur débat, le hasard offre à leur vue un mausolée tout récent ; une main habile y avait représenté un lion dont la tête ployait sous les efforts d’un homme qui le tenait embrassé. Le Chasseur se targuait de cette sculpture, qui montrait le Lion vaincu, pour proclamer sa supériorité. Mais le noble animal, jetant un regard terrible sur cette vaine représentation, frémit et dit avec colère : Il faut que l’orgueil de ton espèce t’abuse bien étrangement, pour que tu t’en rapportes au jugement d’un artiste ; car, si doués d’un nouveau talent, les lions avaient l’art de façonner un marbre docile, alors tu verrais l’homme, au seul rugissement du lion, trembler d’être dévoré par lui.