Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/230

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sa grotte. Le dieu des champs s’étonne alors et voit avec une sorte de crainte la puissance de l’homme. En effet, celui-ci, pour reprendre l’usage de ses mains glacées, les réchauffait de sa chaude haleine. Le froid chassé, le Voyageur se mit gaiement en devoir de profiter des prévenances de son hôte ; car, désireux de lui faire goûter la vie champêtre, le dieu lui offrait ce que les forêts produisent de meilleur, et lui présenta même une coupe pleine de vin chaud, pour que la liqueur généreuse achevât de ranimer ses membres engourdis. À peine eut-il approché la coupe qui lui brûle les lèvres, l’homme souffle sur la liqueur pour la refroidir. Surpris et effrayé de ce double prodige, le Satyre enjoint à son hôte de quitter les forêts et de porter plus loin ses pas. Je ne veux pas, dit-il, abriter dans ma grotte quiconque peut faire de sa bouche deux emplois si opposés.

Celui qui parle bien des personnes présentes et mal des absentes se rend odieux par son double langage.