Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/235

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et le lourd fardeau des années, implorera souvent en vain le secours d’autrui. Une Fourmi, durant l’été, porta dans ses étroites galeries, des provisions destinées à son hiver ; et, quand la neige eut blanchi la terre, et que les champs disparurent sous une écorce de glace, tranquille et sans affronter la rigueur de la saison, elle subsistait, dans son réduit, de son grain empreint d’une légère moiteur. Une maigre Cigale, qui naguère avait étourdi les champs de ses cris aigus, vint en suppliante lui demander quelque nourriture. En été, dit-elle, quand les moissonneurs battaient sur l’aire les épis dorés, je trompais par mes chants la longueur des jours. La petite Fourmi se prit à rire, et parla ainsi à la Cigale (car toutes deux comptaient revoir les beaux jours) : Grâce au travail qui m’a amassé des provisions, je mène au plus dur de l’hiver une douci oisiveté. Pour toi, voici le moment de danser, puisque tu as tant chanté la saison passée.