Page:Phedre - Fables Hachette 1909.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

24FABLES DE PHÈDRE.
Tunc moriens edidisse vocem hanc dicitur :
« 0 ! me infelicem, qui nunc demum intellego

Utilia mihi quam fuerint quæ despexeram,
Et quæ laudaram quantum luctus habuerint. »

14.— LE CORBEAU ET LE RENARD.

Qui se laudari gaudet verbis subdolis

Fere dat pœnas turpi pænitentia.
Cum de fenestra corvus raptum caseum

Comesse vellet celsa residens arbore,
Vulpes ut vidit blande sic coepit loqui :
« 0 qui tuarum, corve, pennarum est nitor !
Quantum decorem corpore et vultu geris !
Si vocem haberes, nulla prior ales foret.»
At ille stultus, dum vult vocem ostendere,
Lato ore emisit caseum, quem celeritert
Dolosa vulpes avidis rapuit dentibus.
Tunc demum ingemuit corvi deceptus Stupor.


cette parole : « Malheureux que je suis ! maintenant seulement je
comprends toute l’utilité du bien que j’avais méprisé, comme poul¬
ies avantages dont j’étais fier, tout ce qu’ils avaient de funeste. »

14.— LE CORBEAU ET LE RENARD.

Celui qui aime être loué dans des ’discours qui cachent un piège,
en est ordinairement puni par des regrets et par la honte.Un corbeau avait enlevé sur une fenêtre un fromage. Il allait
le manger, perché sur le haut d’un arbre, lorsqu’un renard, le
voyant, se mit à lui adresser ces paroles : « Combien, ô cor¬
beau, ton plumage a d’éclat ! Que de beauté répandue sur ta per¬
sonne et dans ta physionomie ! Si tu avais de la voix, nul oiseau
ne te serait supérieur. » Le corbeau, dans sa sottise, en voulant
montrer sa voix, laissa tomber le fromage de son large bec, et pres¬
tement le renard rusé s’en empara de ses dents avides. Alors seule¬
ment le corbeau gémit de s’être laissé tromper par sa stupidité.