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LE PAPILLON À LA ROSE

À M. ALPHONSE DE SION
(inédit)

Ouvre ton cœur, charmante rose,
Sur lui seul je veux me fixer !
— Non, dit la belle à peine éclose.
De t’aimer je sais le danger ;
J’ai vu les fleurs de nos vallées,
Objets de ton frivole amour,
Mourir, tristes et désolées.
Attendant en vain ton retour !…

LE PAPILLON.


Ah ! ne crains rien pour toi, toujours tendre et fidèle.
Des plus parfaits amants je serai le modèle.

LA ROSE.

Tu le disais hier à la rose des bois.
Et peut-être demain le lis et l’aubépine
Recevront à leur tour, pour la première fois,
Le serment que tu fis à la pauvre églantine !…
Ami, si jeune encore, écoute mes avis.
Ils donnent le bonheur quand ils sont bien suivis :
Brûle tes ailes, si tu l’oses ;
Tu seras moins brillant et bien moins merveilleux.
Mais tu seras constant et Ton t’aimera mieux.
Adieu, mon bel ami, médite sur ces choses…
— Oui, j’en profiterai, lui dit le papillon :
Sion peut profiter de la même leçon.