Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une trace, imaginait des baisers, reniflait l’amour. Il allait jusqu’en haut des rideaux, où l’ombre se cantonne et semble accumuler on ne sait quelles vapeurs mystérieuses, on ne sait quel souvenir de ce qui fut dit tout bas. Il lui demandait le mot et la fouillait, avec la persistance d’un pauvre qui va sous les branches et cherche les rameaux tombés.

Marie se pelotonnait en forme d’enfant, gagnait un peu d’aisance, s’abandonnait ensuite, et, une fois, Raphaël remuant d’un millimètre le bout de ses doigts, elle rit de tout un rire chatouillé, s’épanouit et changea largement sa pose. Jean partait aussitôt.

Il la parcourait toute, s’en allait sur la foi d’un geste, flottait à l’alentour, découvrait des feuillages et des brises et cet éclat parfois d’un oiseau, dont le cri coule encore et vous entraîne comme le cri d’une femme coulé sous l’amour. Un mouvement de jambe sous une jupe, la courbe d’une épaule, le gonflement peut-être de deux seins sous un corsage, le ton singulier du cou qui part du menton et que l’on suit jusqu’à la dernière échancrure de la robe, une imagination même, Jean amas-