Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/105

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dons et des nouveaux principes. J’ai connu des soirs de livres. J’ai connu des soirs où les quatre murs de ma chambre suffisaient à ma vie.

Il se tut tout d’un coup, lui-même croyait qu’il allait continuer. Il se tut sans même penser une autre phrase et il s’arrêtait là, devant une sorte de trou qu’il découvrait. Il en fut étonné, coupa son élan et ne garda plus de sa flamme que ce qu’il en fallait pour activer le silence.

C’est soi-même que l’on examine. Deux amoureux habitaient là, pour qui l’étendue d’un matelas était une promenade et qui posaient leur vie au creux de ses vallonnements.

Il ne savait pas encore posséder, mais de ce qu’il ne possédait pas, un désir montait, qu’il aimait suivre et qui se laissait suivre. Il le suivait, s’attachait à un pli, prenait l’essence d’une chose, la respirait un peu, se fixait un instant sur un des oreillers, allait à l’autre, s’arrêtait à cette couche grasse que laisse une chevelure de femme et, avec la tournure d’esprit des jeunes gens, cherchait