Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raison. » D’abord elle attendait le coup et le recevait en silence, puis elle lançait le sien qui était un regard, un regard définitif et qui, frappant d’aplomb, renvoyait l’homme à trois pas.

Il y avait autre chose encore. Il y avait le coup de coude qui vous prévient qu’il faut faire attention, car l’homme qui se tient à votre gauche est là pour que vous en usiez à votre désir. Il y avait le frôlement qui ne peut pas vous quitter, qui reporte tout son toucher à sa surface, qui vous le donne, et qui voudrait recevoir la même chose. Il y avait le regard qui s’en prend d’abord à votre profil, puis s’avance, vous saisit à la face et en absorbe ce qu’il a touché.

Il y eut une aventure. Elle allait déjà rentrer lorsqu’elle entendit cela qui traînait la savate et râclait la dalle du trottoir avec une insolence qui en voulait même aux pierres. Ensuite ce fut un mot : « Hé ! ça vous va. » Elle se coulait doucement, elle se faisait mince pour couler mieux, elle ne râclait pas les dalles du trottoir. « Hé ! Pas moyen de prendre un verre. » Il le lui lançait tout droit et juste à la