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Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/133

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hauteur. Elle se taisait, elle ne savait plus rien et dans son silence les mots donnaient bien leur bruit. « Pas besoin ! Ça sera vite fait ! » Elle arrivait à sa porte et tendait vers sa chambre, même sans ordre, une espérance et un désir d’y vivre seule pendant cent ans. C’était un hôtel meublé. Il n’ignorait rien des femmes, mais il sut encore mieux et dit : « Espèce de catot ! Tu serais trop contente si je voulais te donner cent sous. » Elle n’attendit pas d’avoir allumé sa lampe pour regarder dans son cœur et elle pleurait déjà en montant l’escalier.

Elle s’en consola. Ce n’est pas parce que le mal est le mal. C’est parce que le mal passe dans la rue et force le sens qu’il faut avoir d’elle. Il y avait dans sa vie d’obscures secondes où son cœur, comme une outre vide, prenait la forme de ce qu’il allait contenir. Elle se mit à l’unisson, elle prit la température, elle gonfla ses flancs de tout ce qui passait par elle. Il n’y avait rien à la retenir, elle y pensait parfois lorsqu’elle était dans sa chambre. Il lui suffisait d’apercevoir son chapeau sur un meuble pour en sentir l’entraîne-