Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/229

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se retirer au cœur, céder la place et se cacher. Raphaël dit :

— Tu es pâle, Jean. Je ne veux pas te faire de mal. Embrasse-moi.

Ils se prirent les mains, s’appuyèrent sur la même chose et la touchèrent jusqu’en sa profondeur avec une telle simplicité que Jean dit :

— Et toi aussi, embrasse-moi.

Raphaël avait on ne sait quoi, qui était plus tendre et Jean connut que les baisers des hommes sont doux. Raphaël dit ensuite :

— C’est hier matin que j’ai reçu ta lettre. Je travaillais avec mon père. Il a voulu me faire une observation. Je lui ai dit : vieil âne ! Mon père est un homme sévère. Jamais je ne lui avais manqué.

— Tu dois m’en vouloir, répondit Jean.

— Mais non, dit Raphaël, je ne t’en veux pas. Personne ne peut t’en vouloir. Il n’y aura jamais de lutte entre nous. Toi, tu m’aimais dans ma masse. Et de mon côté, il eût été bien difficile de ne pas t’aimer. Tu es si clair et tu as la voix du fond. Je ne sais pas bien m’exprimer, mais quand tu parles, ce n’est