Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/230

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pas toi qui parles, c’est un homme qu’on sent en soi-même. Et cela vous prend. On n’entend pas quelque chose que l’on vous dit, on entend quelque chose que l’on se dit, et tu y mettais l’accent. Je ne t’ai pas haï quand j’ai reçu ta lettre. Comment dirais-je ? J’ai fait de la philosophie. J’ai pensé : Il s’est produit telles circonstances et c’est ainsi qu’agit l’homme dans la sincérité de son cœur.

— Merci, dit Jean. Mais sais-tu ce que j’ai compris tout de suite en entrant ? La porte s’est ouverte, tu étais là, j’ai senti ton poids. Tu sais, il y a un éclair, c’est ainsi qu’on annonce que Dieu, un jour, jugera les vivants et les morts dans l’éblouissement immédiat de la vérité. Oh ! certes, j’ai compris. J’avais délimité ma vérité comme un champ, j’avais posé bien des jalons. Je pensais : Il suffit à la vérité d’être la vérité, laissons la vivre et laissons la faire. Mais toi, ta vérité était plus simple et elle avait ce qui manquait à la mienne : le poids dont tu pesais sur elle. Et tout aussitôt, j’ai compris que tu emmènerais Marie.

— Oui, je l’emmène.