Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/23

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Une belle enfance commença, pour laquelle Basile et sa femme, à cinquante ans, sentirent qu’ils vieillissaient. Leur sourire s’affinait ; tout au coin des lèvres deux rides vinrent le rejoindre qui, dans les joues lâches, semblaient un peu mouillées. Le grand-père appelait l’enfant rien que pour qu’elle s’approchât de lui. Sa vue devenait un peu basse ; volontiers il eût pris ses lunettes. Il l’eût appelée rien que pour entendre le nom passer par sa bouche. Il la regardait et s’écriait parfois :

— Oh ! cette pauvre petite, cette pauvre petite !

La grand’mère répliquait :

— Toi qui étais plutôt dur avec tes filles. Ah ! on peut le dire que tu le deviens, grand-père !

Il avait un geste du bras comme lorsqu’on risque le tout et disait :

— Mais aussi… la pauvre enfant !

Il se rappelait la mère, se penchait sur la fille, comptait ses cinquante années, interrogeait l’avenir et avait peur de ne pas montrer assez de bonté avant sa fin. Il lui apprit des jeux. Il était régisseur de propriétés, faisait