Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/24

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des comptes, surveillait les semailles, marchait à grands coups appuyés dans la terre jaune des champs qu’on laboure. Il réduisit la longueur de ses pas à la mesure de ceux de l’enfant pour l’accompagner des après-midi entières à travers les allées du jardin. Il jouait à cache-cache, se dissimulait derrière un massif de groseillers. Elle l’avait découvert, courait à lui : alors il se dressait soudain et tapait du pied en criant : Paou !

Elle sautait en l’air :

— Encore paou, pépère !

D’autres fois, ils galopaient à travers les chambres de la maison. La grand’mère se fâchait :

— Vous êtes donc toujours sur mes talons. Tu as pourtant assez d’ouvrage. Va donc voir tes hommes.

Il répondait en regardant sa petite-fille :

— Oh ! j’ai travaillé pendant trente ans pour les autres : s’ils ne sont pas contents ! À présent, je veux travailler pour moi.

Elle avait des cheveux blonds serrés, frisant par masses et dont chaque mèche, comme elle, avait envie de danser. Ses pieds vivaient