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Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/231

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Et Jean marcha quelque temps par la chambre avec un retour à chaque point, avec une nouvelle pénétration à toute chose, avec, dans ses organes, une orientation soudaine qui le poussait au vent.

— Il t’emmène, Marie ?

— Il m’emmène.

Il revint s’asseoir.

— J’ai besoin de te parler, Raphaël, vois-tu, j’ai besoin de te parler. Ne crois pas que je veuille me faire séduisant ni que je te flatte comme les femmes, lorsqu’elles ont quelque chose à se faire pardonner. Ne crois pas non plus que je veuille me justifier. D’ailleurs je ne sais pas encore ce qui se passera tout à l’heure. Tiens, au moment où je te parle, j’apprends trop de choses. Tu vois, ici, c’est mon cœur, ici, c’est ma tête, il me semble que ce soient deux pays éloignés. Je ne saurai ce que je dois faire qu’un peu plus tard. Tu vaux mieux que moi. Je te le dis. J’ai cru longtemps que l’homme se jugeait dans la paix et par sa pensée. Eh bien, non ! L’homme se juge dans un jour comme aujourd’hui. Tu es arrivé, je n’étais pas là, je suis sûr que tu