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Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/237

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comme s’il eût voulu arrêter toute volonté et laisser la douleur monter de sa poitrine à ses prunelles :

— Regarde. Vois comme je souffre.

Et il se penchait en arrière, exagérait de sa vie tout ce qu’il en sentait mourir, le tendait à droite, le tendait à gauche et en formait son spectacle ainsi qu’un mendiant dénudant un membre desséché et comme un travailleur tenant sa dernière œuvre dans ses deux mains.

Elle vit cela, se déroba tout entière, se cacha entre ses doigts et, dans le refuge qu’elle cherchait au fond du plus mystérieux repli qui, pour la paix et l’oubli, se garde en secret dans un coin de nos cœurs, un tremblement la prit ; son âme même oscillait en son centre et ne se montrait plus qu’en tremblant.

Il dit :

— Tu trembles, Marie. Il ne faut pas trembler. Je savais qu’il allait revenir. Regarde, tu trembles encore.

Et il s’empara d’elle, baisa ses doigts, baisa son geste, baisa tout ce qui dépassait.

— Tu trembles encore. Dis, est-ce que tu trembles ?