Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est fait. Tu verras. C’est bien triste et tu ne connais pas encore ce qu’on appelle le chemin des larmes. Ma petite Marie, les larmes se l’ouvriraient d’elles-mêmes dans ta poitrine, elles sont dures et fortes, elles arrachent tout ce qu’elles rencontrent. Tu pleurerais loin de moi. Il vaut mieux que tu restes, parce que je saurai mieux te consoler.

Et il lui écartait les doigts qu’elle gardait sur la face et il soulevait la tête qui pesait sur les doigts, et il eût voulu lui voir les yeux pour bien aller jusqu’à elle, et il l’eût atteinte toute nue dans son refuge et son mystère, et il l’eût soulevée comme lorsqu’on emporte un enfant tombé.

Mais elle restait ainsi, simple, tremblante, heurtée, courbée selon sa loi, et dans un entêtement qui se refermait chaque fois. Tantôt il en sortait un mot : « Non… c’est impossible… » qui atteignait Jean tout droit, tantôt elle comprimait à pleines mains ses yeux et sa bouche et présentait à la vie les deux coudes pour mieux en préserver son sein. Il demanda :

— Tu m’as aimé, Marie ?