Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/52

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C’est au débouché de la gare, un jour, qu’elle se trouva tout à coup à côté de Raphaël Crouzat. Il dit : « Tiens, Mademoiselle ! » Il portait un pantalon soigné, un veston arrondi, un col à carcan, et se tenait d’une pièce, avec l’allure des jeunes gens habitués à l’élégance et qui la gardent avec soin sur leur corps. Elle fut bien étonnée. Il marcha à côté d’elle, en vertu d’un principe inconnu. Elle était fière, en somme, d’accompagner un garçon bien vêtu et, pourvu qu’elle en éprouvât quelque plaisir, elle trouvait tout naturel. Il eut deux ou trois mots, à propos d’une enseigne, d’une tranchée, d’un passant, à chacun desquels elle répondit : « Oui, Monsieur ! » Il avait sans doute affaire dans cette direction-ci. Il la quitta au coin de l’avenue, il allait plus loin. Il lui donna même une poignée de main et, à l’extrême minute de la séparation, fut encore plus aimable qu’elle ne l’aurait imaginé. Il se retourna pour dire :

— Est-ce que vous vous promenez quelquefois, Mademoiselle ? Parce que, moi aussi, je me promène.

Elle répondit :

— Je vous remercie, Monsieur.