Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
NAISSANCE D’APOLLONIUS.

et les prédictions d’Apollonius. Ces mémoires, qui étaient restés inédits, furent portés par un ami de Damis à la connaissance de l’impératrice Julie[1]. Comme je faisais partie du cercle de cette princesse, qui aimait et protégeait tout ce qui tenait aux Lettres, elle m’ordonna de refaire l’ouvrage de Damis, en donnant plus de soin au style : en effet, la relation du Ninivite était intelligible, mais peu élégamment présentée. J’ai eu encore sous les yeux le livre de Maxime d’Égées, qui rapporte tout ce qui a été fait dans sa ville natale par Apollonius, et le Testament d’Apollonius, écrit par lui-même, et qui est un témoignage de l’esprit divin dont était animée toute sa philosophie. Quant aux quatre livres de Moeragène sur Apollonius, il n’y a pas à s’y arrêter : un grand nombre des actes de ce sage lui ont été inconnus. J’ai dit où j’ai puisé mes renseignements, et comment j’ai réuni ce qui était épars : puisse maintenant cet ouvrage apporter quelque honneur à l’homme dont il consacre la mémoire, et quelque utilité aux personnes qui aiment à s’instruire ! On y trouvera, j’ose le dire, des choses toutes nouvelles.

IV. Apollonius naquit[2] à Tyane, ville grecque de Cappadoce ; son père se nommait, comme lui, Apollonius ; il descendait d’une famille ancienne, qui avait fourni à la ville quelques-uns de ses fondateurs. Il était de beaucoup le plus riche citoyen d’une ville opulente. Comme il était encore dans le ventre de sa mère, elle eut une vision : c’était le dieu égyptien Protée, le même qui, chez Homère, prend tant de formes diverses. Sans se déconcerter, elle lui demanda qui elle devait enfanter. « Moi, répondit le dieu. — Qui, toi ? — Protée, dieu égyptien[3]. » Quelle était la sagesse de

  1. Voyez les Éclaircissements historiques et critiques.
  2. Voyez les Éclaircissements historiques et critiques.
  3. Il est dit plus bas (III, 23-24 ; VI, 21) qu’avant d’être dans le