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Le groupe. La syllabe. Le mot. La phrase

te­ment unie au mot suivant dans le débit. Cette dépen­dance est parti­culière­ment nette dans le cas de certains encli­tiques :

ɩ (i) « dans », se prononce ə ou ɩ selon que la consonne initiale du mot suivant est vélaire ou palatale : dʌl ɩ dʹi:rʹ (dul i dtír) « atterrir » ; dʌl ə daləv (dul i dtalamh) « même sens » ; ɩ dʹrʹo: (i dtreó) « de sorte que » : ə daʃg̬ʹɩ (i dtaisce) « de côté, à part ».

De même pour certaines finales de verbe suivies d’un pronom : tᴜkʷɩ ʃe· (tiucaidh sé) « il viendra », mais tᴜkə tᴜ· (tiocfaidh tu) « tu viendras » ; de même ən ɑ:tʹ bʷɪ jᴇʃɩ (an áit budh dheise) « le plus joli endroit », mais bo wah lʲλm (budh mhaith liom) « j’aimerais ».

§ 311. Il arrive qu’une voyelle initiale se fasse précéder dans le sandhi, après l’article, ou après un mot étroite­ment uni au mot suivant, d’un yod qui n’apparaît pas dans le mot isolé : ce yod pala­talise la consonne précé­dente :

ɩnʲ λmərkə (an iomarcadh) « trop » ; nʹi: he:nʲ ᴜ:ntəs e: (ní haon ionghan­tas é) « il n’y a rien là d’étonnant » ; nʹi:lʹ e:nʲ o̤χʷɩrʹ əgɑm (níl aon eochair agam) « je n’ai pas de clef » ; ɩnʹ tʲ αsbəg (an t‑easbog) « l’évêque » ; dʲ ᴜ:mpʷɩ ʃe· (d’iompuigh sé) « il retourna ».

§ 312. Un glide peut s’insérer entre consonne finale palatale et voyelle initiale d’arrière, ou consonne finale vélaire et voyelle initiale d’avant, comme si les deux phonèmes se trou­vaient dans le même mot :

is αtʲ ən fʹαr e: (is ait an fear é) « c’est un drôle de type » ; pʹe: dɪnʹɩ stɔpʷ i: (pé duine stop i) « qui que ce soit qui l’en ait empêchée ».

Ce glide est particulièrement net là où (par suite d’une élision) c’est une consonne explosive qu’on a devant la voyelle initiale : ə mʷ ᴇ̈:ᵊnər (i m’aonar) « seul » ; mʷ ɩnʹi:ᵊn (m’inghean) « ma fille ».

On a un cas de vélarisation progressive d’une consonne par une voyelle précé­dente dans kɑ: vʷïs dötʹ (cá bhfios duit ?) « qu’est-ce que tu en sais ? », à côté de kɑ: vʹïs dötʹ.