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méditation VI

diluviennes ; car le grand cataclysme, qui noya nos grands-oncles vers le dix-huitième siècle de la création du monde, ne fut pour les poissons qu’un temps de joie, de conquête, de festivité.

§ VII. — des truffes.

43. — Qui dit truffe prononce un grand mot qui réveille des souvenirs érotiques et gourmands chez le sexe portant jupes, et des souvenirs gourmands et érotiques chez le sexe portant barbe.

Cette duplication honorable vient de ce que cet éminent tubercule passe non-seulement pour délicieux au goût, mais encore parce qu’on croit qu’il élève une puissance dont l’exercice est accompagné des plus doux plaisirs.

L’origine de la truffe est inconnue : on la trouve, mais on ne sait ni comment elle naît, ni comment elle végète. Les hommes les plus habiles s’en sont occupés : on a cru en reconnaître les graines, on a promis qu’on en sèmerait à volonté. Efforts inutiles ! promesses mensongères ! jamais la plantation n’a été suivie de la récolte, et ce n’est peut-être pas un grand malheur ; car, comme le prix des truffes tient un peu au caprice, peut-être les estimerait-ou moins si on les avait en quantité et à bon marché.

« Réjouissez-vous, chère amie, disais-je un jour à madame de V… ; on vient de présenter à la Société d’encouragement un métier au moyen duquel on fera de la dentelle superbe, et qui ne coûtera presque rien. — Eh ! me répondit cette belle avec un regard de souveraine indifférence, si la dentelle était à bon marché, croyez-vous qu’on voudrait porter de semblables guenilles ? »