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DES ALIMENTS.

teur, sont absolument identiques, et l’on peut défier l’homme le plus habitué à juger ces produits ou à les consommer de les distinguer l’un de l’autre. »

On aura un exemple frappant de la force des préjugés et de la peine que la vérité trouve à s’établir, quand ou saura que, sur cent sujets de là Grande-Bretagne pris indistinctement, il n’y en a pas dix qui croient qu’on puisse faire du sucre avec de la betterave.

divers usages du sucre.

Le sucre est entré dans le monde par l’officine des apothicaires. Il devait y jouer un grand rôle, car, pour désigner quelqu’un à qui il aurait manqué quelque chose essentielle, on disait : C’est comme un apothicaire sans sucre.

Il suffisait qu’il vint de là pour qu’on le reçût avec défaveur : les uns disaient qu’il était échauffant ; d’autres qu’il attaquait la poitrine ; quelques-uns, qu’il disposait à l’apoplexie : mais la calomnie fut obligée de s’enfuir devant la vérité, et il y a plus de quatre-vingts ans que fut proféré ce mémorable apophthegme : Le sucre ne fait mal qu’à la bourse.

Sous une égide aussi impénétrable, l’usage du sucre est devenu chaque jour plus fréquent, plus général, et il n’est pas de substance alimentaire qui ait subi plus d’amalgamées et de transformations.

Bien des personnes aiment à manger le sucre pur, et dans quelques cas, la plupart désespérés, la Faculté l’ordonne sous cette forme, comme un remède qui ne peut nuire, et qui n’a du moins rien de repoussant.

Mêlé à l’eau, il donne l’eau sucrée, boisson rafraîchissante, saine, agréable, et quelquefois salutaire comme remède.