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méditation VI

sortaient des mines : l’agriculture, le commerce, étaient dans l’enfance, et l’économie politique n’était pas encore née. Les Espagnols trouvèrent donc des métaux précieux, découverte à peu près stérile, puisqu’ils se déprécient en se multipliant, et que nous avons bien des moyens plus actifs pour augmenter la masse des richesses.

Mais ces contrées, où un soleil de toutes les chaleurs fait fermenter des champs d’une extrême fécondité, se sont trouvées propres à la culture du sucre et du café ; on y a, en outre, découvert la pomme de terre, l’indigo, la vanille, le quina, le cacao, etc. ; et ce sont là de véritables trésors.

Si ces découvertes ont eu lieu, malgré les barrières qu’opposait à la curiosité une nation jalouse, on peut raisonnablement espérer qu’elles seront décuplées dans les années qui vont suivre, et que les recherches que feront les savants de la vieille Europe dans tant de pays inexplorés enrichiront les trois règnes d’une multitude de substances qui nous donneront des sensations nouvelles, comme a fait la vanille, ou augmenteront nos ressources alimentaires, comme le cacao.

On est convenu d’appeler chocolat le mélange qui résulte de l’amande du cacao grillée avec le sucre et la cannelle : telle est la définition classique du chocolat. Le sucre en fait partie intégrante ; car avec du cacao tout seul on ne fait que de la pâte de cacao et non du chocolat. Quand au sucre, à la cannelle et au cacao, on joint l’arome délicieux de la vanille, on atteint le nec plus ultra de la perfection à laquelle cette préparation peut être portée.

C’est à ce petit nombre de substances que le goût et l’expérience ont réduit les nombreux ingrédients qu’on avait tenté d’associer au cacao, tels que le poivre, le