l’ami. — Ce matin nous avons, en déjeunant, ma femme et moi, arrêté dans notre sagesse que vous feriez imprimer au plutôt vos Méditations gastronomiques.
l’auteur. — Ce que femme veut, Dieu le veut. Voilà, en sept mots, toute la charte parisienne. Mais je ne suis pas de la paroisse ; et un célibataire…
l’ami. — Mon Dieu ! les célibataires sont tout aussi soumis que les autres, et quelquefois à notre grand préjudice. Mais ici le célibat ne peut pas vous sauver ; car ma femme prétend qu’elle a le droit d’ordonner, parce que c’est chez elle, à la campagne, que vous avez écrit vos premières pages.
l’auteur. — Tu connais, cher docteur, ma déférence pour les dames ; tu as loué plus d’une fois ma soumission à leurs ordres ; tu étais aussi de ceux qui disaient que je ferais un excellent mari… Et cependant je ne ferai pas imprimer.
l’ami. — Eh pourquoi ?
l’auteur. — Parce que, voué par état à des études sérieuses, je crains que ceux qui ne connaîtront mon livre