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tous les autres, ou du moins de nous consoler de leur perte.

Effectivement, à la suite d’un repas bien entendu, le corps et l’âme jouissent d’un bien-être particulier.

Au physique, en même temps que le cerveau se rafraîchit, la physionomie s’épanouit, le coloris s’élève, les yeux brillent, une douce chaleur se répand dans tous les membres.

Au moral, l’esprit s’aiguise, l’imagination s’échauffe, les bons mots naissent et circulent ; et si La Fare et Saint-Aulaire vont à la postérité avec la réputation d’auteurs spirituels, ils le doivent surtout à ce qu’ils furent convives aimables.

D’ailleurs, on trouve souvent rassemblés autour de la même table toutes les modifications que l’extrême sociabilité a introduite parmi nous : l’amour, l’amitié, les affaires, les spéculations, la puissance, les sollicitations, le protectorat, l’ambition, l’intrigue ; voilà pourquoi le conviviat touche à tout ; voilà pourquoi il produit des fruits de toutes les saveurs.

accessoires industriels.

75. — C’est par une conséquence immédiate de ces antécédents que toute l’industrie humaine s’est concentrée pour augmenter la durée et l’intensité du plaisir de la table.

Des poëtes se plaignirent de ce que le cou, étant trop court, s’opposait à la durée du plaisir de la dégustation ; d’autres déploraient le peu de capacité de l’estomac ; et on vint jusqu’à délivrer ce viscère du soin de digérer un premier repas, pour se donner le plaisir d’en avaler un second.

Ce fut là l’effort suprême tenté pour amplifier les