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hôtes ; il faut bien que nous allions manger une feuille de salade avec notre pauvre sœur, qui ne nous a pas vus de la journée. »

À cela je n’eus pas d’objection ; et, fidèle aux devoirs de l’hospitalité vis-à-vis de deux vieillards aussi aimables, je les accompagnai jusqu’à leur voiture, et je les vis partir.

On demandera peut-être si l’ennui ne se coula pas quelques moments dans une aussi longue séance.

Je répondrai négativement : l’attention de mes convives fut soutenue par la confection de la fondue, par le voyage autour de l’appartement, par quelques nouveautés dans le dîner, par le thé, et surtout par le punch, dont ils n’avaient jamais goûté.

D’ailleurs le docteur connaissait tout Paris par généalogies et anecdotes ; le capitaine avait passé une partie de sa vie en Italie, soit comme militaire, soit comme envoyé à la cour de Parme ; j’ai moi-même beaucoup voyagé ; nous causions sans prétention, nous écoutions avec complaisance. Il n’en faut pas tant pour que le temps fuie avec douceur et rapidité.

Le lendemain matin, je reçus une lettre du docteur ; il avait l’attention de m’apprendre que la petite débauche de la veille ne leur avait fait aucun mal ; bien au contraire, après un sommeil des plus heureux, ils s’étaient levés frais, dispos et prêts à recommencer.