créé pour lui : Le chien accroupi regarde son maître avec amour ; la coopération a comblé les distances : ce sont deux amis, et le serviteur est à la fois heureux et fier d’être le convive de son maître.
Ils ont un appétit également inconnu aux mondains et aux dévots : aux premiers, parce qu’ils ne laissent point à la faim le temps d’arriver ; aux autres, parce qu’ils ne se livrent jamais aux exercices qui le font naître.
Le repas a été consommé avec délices ; chacun a eu sa part ; tout s’est passé dans l’ordre et la paix. Pourquoi ne donnerait-on pas quelques instants au sommeil ? l’heure de midi est aussi une heure de repos pour toute la création.
Ces plaisirs sont décuplés si plusieurs amis les partagent ; car alors, en ce cas, un repas plus copieux a été apporté dans ces cantines militaires, maintenant employées à de plus doux usages. On cause avec enjouement des prouesses de l’un, des solécismes de l’autre, et des espérances de l’après-midi.
Que sera-ce donc si des serviteurs attentifs arrivent chargés de ces vases consacrés à Bacchus, où un froid artificiel fait glacer à la fois le madère, le suc de la fraise et de l’ananas : liqueurs délicieuses, préparations divines, qui font couler dans les veines une fraîcheur ravissante, et portent dans tous les sens un bien-être inconnu aux profanes[1] ?
Mais ce n’est point encore le dernier terme de cette progression d’enchantements.
- ↑ C’est mon ami Alexandre Delessert qui, le premier, a mis en usage cette
pratique pleine de charmes.
Nous chassions à Villeneuve par un soleil ardent, le thermomètre de Réaumur marquant 26° à l’ombre.
Ainsi placés sous la zone torride, il avait eu l’attention de faire trouver sous