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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/206

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digèrent ! La plupart sont comme M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir ; et c’est pour ceux-là que je trace une histoire populaire de la digestion, persuadé que je suis que M. Jourdain fut bien plus content quand le philosophe l’eut rendu certain que ce qu’il faisait était de la prose.

Pour connaître la digestion dans son ensemble, il faut la joindre à ses antécédents et à ses conséquences.

ingestion.

80. — L’appétit, la faim et la soif nous avertissent que le corps a besoin de se restaurer ; et la douleur, ce moniteur universel, ne tarde pas à nous tourmenter, si nous ne voulons ou ne pouvons pas y obéir.

Alors viennent le manger et le boire, qui constituent l’ingestion, opération qui commence au moment où les aliments arrivent à la bouche, et finit à celui où ils entrent dans l’œsophage[1].

Pendant ce trajet, qui n’est que de quelques pouces, il se passe bien des choses.

Les dents divisent les aliments solides : les glandes de toutes espèces qui tapissent la bouche intérieure les humectent, la langue les gâche pour les mêler ; elle les presse ensuite contre le palais pour en exprimer le jus et en savourer le goût ; en faisant cette fonction, la langue réunit les aliments en masse dans le milieu de la bouche ; après quoi, s’appuyant contre la mâchoire inférieure, elle se soulève dans le milieu, de sorte qu’il se forme à sa racine une pente qui les entraîne dans l’arrière-bouche, où ils sont reçus par le pharynx, qui, se contractant à son tour, les fait entrer dans l’œso-

  1. L’œsophage est le canal qui commence derrière la trachée-artère, et conduit du gosier à l’estomac ; son extrémité supérieure se nomme pharynx.