la nature, cette excellente mère, ajoint un grand plaisir.
L’homme qui se repose éprouve un bien-être aussi général qu’indéfinissable ; il sent ses bras retomber par leur propre poids, ses fibres se distendre, son cerveau se rafraîchir ; ses sens sont calmes, ses sensations obtuses ; il ne désire rien, il ne réfléchit plus ; un voile de gaze s’étend sur ses yeux. Encore quelques instants, et il dormira.
MÉDITATION XVIII
DU SOMMEIL
85. — Quoiqu’il y ait quelques hommes tellement organisés qu’on peut presque dire qu’ils ne dorment pas, cependant il est de vérité générale que le besoin de dormir est aussi impérieux que la faim et la soif. Les sentinelles avancées à l’armée s’endorment souvent, tout en se jetant du tabac dans les yeux ; et Pichegru, traqué par la police de Bonaparte, paya 30,000 francs une nuit de sommeil, pendant laquelle il fut vendu et livré.
86. — Le sommeil est cet état d’engourdissement dans lequel l’homme, séparé des objets extérieurs par l’inactivité forcée de ses sens, ne vit plus que de la vie mécanique.