MÉDITATION XIX
DES RÊVES
Les rêves sont des impressions unilatérales qui arrivent à l’âme sans le secours des objets extérieurs.
Ces phénomènes, si communs et en même temps si extraordinaires, sont cependant encore peu connus.
La faute en est aux savants, qui ne nous ont pas encore laissé un corps d’observations suffisant. Ce secours indispensable viendra avec le temps, et la double nature de l’homme en sera mieux connue.
Dans l’état actuel de la science, il doit rester pour convenu qu’il existe un fluide aussi subtil que puissant, qui transmet au cerveau les impressions reçues par les sens, et que c’est par l’excitation que causent ces impressions que naissent les idées.
Le sommeil absolu est dû à la déperdition et à l’inertie de ce fluide.
Il faut croire que les travaux de la digestion et de l’assimilation, qui sont loin de s’arrêter pendant le sommeil, réparent cette perte, de sorte qu’il est un temps où l’individu, ayant déjà tout ce qu’il faut pour agir, n’est point encore excité par les objets extérieurs.
Alors le fluide nerveux, mobile par sa nature, se porte au cerveau par les conduits nerveux ; il s’insinue dans les mêmes endroits et dans les mêmes traces, puisqu’il arrive par la même voie ; il doit donc produire les mêmes effets, mais cependant avec moins d’intensité.
La raison de cette différence me parut facile à saisir.