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APHORISMES

physiologue, et même un peu érudit, Mais ces études, je les avais faites sans la moindre prétention à être auteur ; j’étais poussé par une curiosité louable, par la crainte de rester en arrière de mon siècle, et par le désir de pouvoir causer, sans désavantage, avec les savants, avec qui j’ai toujours aimé à me trouver.[1]

Je suis surtout médecin-amateur ; c’est chez moi presqu’une manie, et je compte parmi mes plus beaux jours celui où, entré par la porte des professeurs et avec eux à la thèse de concours du docteur Cloquet, j’eus le plaisir d’entendre un murmure de curiosité parcourir l’amphithéâtre, chaque élève demandant à son voisin quel pouvait être le puissant protecteur étranger qui honorait l’assemblée par sa présence.

Il est cependant un autre jour dont le souvenir m’est, je crois, aussi cher : c’est celui où je présentai au conseil d’administration de la société d’encouragement pour l’industrie nationale mon irrorateur, instrument de mon invention, qui n’est autre chose que la fontaine de compression appropriée à parfumer les appartements.

J’avais apporté dans ma poche ma machine bien chargée ; je tournai le robinet, et il s’en échappa, avec sifflement, une vapeur odorante qui, s’élevant jusqu’au plafond, retombait en gouttelettes sur les personnes et sur les papiers.

  1. « Venez dîner avec moi jeudi prochain, me dit un jour M. Greffuble, je vous ferai trouver avec des savants ou avec des gens de lettres, choisissez — Mon choix est fait, répondis-je, nous dînerons deux fois. » Ce qui eût effectivement lieu, et le repas des gens de lettres était notablement plus délicat et plus soigné.
    (Voyez la Méditation X.)