Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/256

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pour suspendre la foudre… Rassurez-vous ; je vais tracer votre régime, et vous prouver que quelques délices vous attendent encore sur cette terre où l’on vit pour manger.

« Vous aimez le pain : eh bien, vous mangerez du pain de seigle : l’estimable Cadet de Vaux en a depuis longtemps préconisé les vertus ; il est moins nourrissant, et surtout il est moins agréable : ce qui rend le précepte plus facile à remplir. Car pour être sûr de soi il faut surtout fuir la tentation. Retenez bien ceci, c’est de la morale.

« Vous aimez le potage, ayez-le à la julienne, aux légumes verts, aux choux, aux racines ; je vous interdis pains, pâtes et purées.

« Au premier service tout est à votre usage, à peu d’exceptions près : comme le riz aux volailles et la croûte des pâtés chauds. Travaillez, mais soyez circonspects, pour ne pas satisfaire plus tard un besoin qui n’existera plus.

« Le second service va paraître, et vous aurez besoin de philosophie. Fuyez les farineux, sous quelque forme qu’ils se présentent ; ne vous reste-t-il pas le rôti, la salade, les légumes herbacés ? et puisqu’il faut vous passer quelques sucreries, préférez la crème au chocolat et les gelées au punch, à l’orange et autres pareilles.

« Voilà le dessert. Nouveau danger : mais si jusque-là vous vous êtes bien conduit, votre sagesse ira toujours croissant. Défiez-vous des bouts de table (ce sont toujours les brioches plus ou moins parées) ; ne regardez ni aux biscuits ni aux macarons ; il vous reste des fruits de toute espèce, des confitures, et bien des choses que vous saurez choisir si vous adoptez mes principes.