Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/268

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le déjeuner ait passé avant qu’on se mette à table ; car nous avons coutume de dire que quand l’ingestion d’un repas empiète sur la digestion du précédent, il y a malversation.

Après le déjeuner, on fera un peu d’exercice : les hommes, si l’état qu’ils ont embrassé le permet, car le devoir avant tout ; les dames iront au bois de Boulogne, aux Tuileries, chez leur couturière, chez leur marchande de modes, dans les magasins de nouveautés, et chez leurs amies, pour causer de ce qu’elles auront vu. Nous tenons pour certain qu’une pareille causerie est éminemment médicamenteuse, par le grand contentement qui l’accompagne.

À dîner, potage, viande et poisson à volonté ; mais on y joindra les mets au riz, les macaronis, les pâtisseries sucrées, les crèmes douces, les charlottes, etc.

Au dessert, les biscuits de Savoie, babas et autres préparations qui réunissent les fécules, les œufs et le sucre.

Ce régime, quoique circonscrit en apparence, est cependant susceptible d’une grande variété ; il admet tout le règne animal ; et on aura grand soin de changer l’espèce, l’apprêt et l’assaisonnement des divers mets farineux dont on fera usage et qu’on relèvera par tous les moyens connus, afin de prévenir le dégoût, qui opposerait un obstacle invincible à toute amélioration ultérieure.

On boira de la bière par préférence, sinon des vins de Bordeaux ou du midi de la France.

On fuira les acides, excepté la salade, qui réjouit le cœur. On sucrera les fruits qui en sont susceptibles, on ne prendra pas de bains trop froids ; on tâchera de respirer de temps en temps l’air pur de la campagne ; on mangera beaucoup de raisin dans la saison ; on ne s’exténuera pas au bal à force de danser.