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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/270

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Dans les afflictions particulières, disent-ils, un père, une mère, un enfant chéri, venant à mourir dans une famille, toute la maison était en deuil : on le pleurait, on lavait son corps, on l’embaumait, on lui faisait des obsèques conformes à son rang. Dans ces occasions, on ne songeait guère à manger : on jeûnait sans s’en apercevoir.

De même, dans les désolations publiques, quand on était affligé d’une sécheresse extraordinaire, de pluies excessives, de guerres cruelles, de maladies contagieuses, en un mot, de ces fléaux où la force et l’industrie ne peuvent rien, on s’abandonnait aux larmes, on imputait toutes ces désolations à la colère des dieux on s’humiliait devant eux, on leur offrait les mortifications de l’abstinence. Les malheurs cessaient, on se persuada qu’il fallait en attribuer la cause aux larmes et au jeûne, et on continua d’y avoir recours dans des conjonctures semblables.

Ainsi, les hommes affligés de calamités publiques ou particulières se sont livrés à la tristesse, et ont négligé de prendre de la nourriture ; ensuite ils ont regardé cette abstinence volontaire comme un acte de religion…

Ils ont cru qu’en macérant leur corps quand le âme était désolée, ils pouvaient émouvoir la miséricorde des dieux ; et cette idée saisissant tous les peuples, leur a inspiré le deuil, les vœux, les prières, les sacrifices, les mortifications et l’abstinence.

Enfin Jésus-Christ étant venu sur la terre a sanctifié le jeûne, et toutes les sectes chrétiennes l’ont adapté avec plus ou moins de mortifications.