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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/282

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MÉDITATION XXVI.

pour me faire sortir de cet état, qui n’était pas sans quelque douceur.

La mémoire s’éteint ensuite. Le malade, qui dans son délire reconnaissait encore ceux qui l’approchaient, méconnaît enfin ses proches, puis ceux avec lesquels il vivait dans une grande intimité. Enfin, il cesse de sentir ; mais les sens s’éteignent dans un ordre successif et déterminé : le goût et l’odorat ne donnent plus aucun signe de leur existence ; les yeux se couvrent d’un nuage terne et prennent une expression sinistre ; l’oreille est encore sensible aux sons et au bruit. Voilà pourquoi sans doute les anciens, pour s’assurer de la réalité de la mort, étaient dans l’usage de pousser de grands cris aux oreilles du défunt. Le mourant ne flaire, ne goûte, ne voit et n’entend plus. Il lui reste la sensation du toucher, il s’agite dans sa couche, promène ses bras au dehors, change à chaque instant de posture ; il exerce, comme nous l’avons déjà dit, des mouvements analogues à ceux du fœtus qui remue dans le sein de sa mère. La mort qui va le frapper ne peut lui inspirer aucune frayeur ; car il n’a plus d’idées, et il finit de vivre comme il avait commencé, sans en avoir la conscience. » (Richerand, Nouveaux Éléments de Physiologie, neuvième édition, tome II, page 600.)