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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/284

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MÉDITATION XXVI.

ordre d’alimentation.

124. — L’homme est un animal omnivore ; il a des dents incisives pour diviser les fruits, des dents molaires pour broyer les graines, et des dents canines pour déchirer les chairs : sur quoi on a remarqué que plus l’homme est rapproché de l’état sauvage, plus les dents canines sont fortes et faciles à distinguer.

Il est extrêmement probable que l’espèce fut longtemps frugivore, et elle y fut réduite par la nécessité ; car l’homme est le plus lourd des animaux de l’ancien monde, et ses moyens d’attaque sont très-bornés, tant qu’il n’est pas armé. Mais l’instinct de perfectionnement attaché à sa nature ne tarda pas à se développer : le sentiment même de sa faiblesse le porta à chercher à se faire des armes ; il y fut poussé aussi par l’instinct carnivore, annoncé par ses dents canines ; et dès qu’il fut armé, il fit sa proie et sa nourriture de tous les animaux dont il était environné.

Cet instinct de destruction subsiste encore ; les enfants ne manquent presque jamais de tuer les petits animaux qu’on leur abandonne ; ils les mangeraient s’ils avaient faim.

Il n’est point étonnant que l’homme ait désiré se nourrir de chair ; il a l’estomac trop petit, et les fruits ont trop peu de substances animalisables pour suffire pleinement à sa restauration ; il pourrait mieux se nourrir de légumes ; mais ce régime suppose des arts qui n’ont pu venir qu’à la suite des siècles.

Les premières armes durent être des branches d’arbre, et plus tard on eut des arcs et des flèches.

Il est très-digne de remarque que partout où on a trouvé l’homme, sous tous les climats, à toutes les lati-