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MÉDITATION XXVI.

surtout en regretter quelqu’un, ce doit être la Gastronomie d’Achestrade, qui fut l’ami d’un des fils de Périclès.

« Ce grand écrivain, dit Théotime, avait parcouru les terres et les mers pour connaître par lui-même ce qu’elles produisent de meilleur. Il s’instruisait dans ses voyages, non des mœurs des peuples, puisqu’il est impossible de les changer, mais il entrait dans les laboratoires où se préparent les délices de la table, et il n’eut de commerce qu’avec les hommes utiles à ses plaisirs. Son poëme est un trésor de science, et ne contient pas un vers qui ne soit un précepte. »

Tel fut l’état de la cuisine en Grèce[1]; et il se soutint ainsi jusqu’au moment où une poignée d’hommes, qui étaient venus s’établir sur les bords du Tibre, étendit sa domination sur les peuples voisins, et finit par envahir le monde.

festins des romains.

128. — La bonne chère fut inconnue aux Romains tant qu’ils ne combattirent que pour assurer leur indépendance ou pour subjuguer leurs voisins, tout aussi pauvres qu’eux. Alors leurs généraux conduisaient la charrue, vivaient de légumes, etc. Les historiens frugivores ne manquent pas de louer ces temps primitifs, où la frugalité était en grand honneur. Mais quand leurs conquêtes se furent étendues en Afrique, en Sicile et en Grèce ; quand ils se furent régalés aux dépens des vaincus dans des pays où la civilisation

  1. Malgré ces heureux essais, Athènes n’eut jamais la grande cuisine, et la raison, c’est qu’elle sacrifia trop aux choses sucrées, aux fruits, aux fleurs ; c’est qu’elle n’eut ni les pains de farine fine de la Rome des Césars, ni ses épices italiennes, ni ses sauces savantes, si ses vins blancs du Rhin.
    De Cussy