Aller au contenu

Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
290
MÉDITATION XXVI.

L’art de conserver les aliments est aussi devenu une profession distincte, dont le but est de nous offrir dans tous les temps de l’année les diverses substances qui sont particulières à chaque saison.

L’horticulture a fait d’immenses progrès, les serres chaudes ont mis sous nos yeux les fruits des tropiques ; diverses espèces de légumes ont été acquises par la culture ou l’importation, et entre autres l’espèce de melons cantaloups qui, ne produisant que de bons fruits, donne aussi un démenti journalier au proverbe[1].

On a cultivé, importé et présenté dans un ordre régulier les vins de tous les pays : le madère qui ouvre la tranchée, les vins de France qui se partagent les services, et ceux d’Espagne et d’Afrique qui couronnent l’œuvre.

La cuisine française s’est approprié des mets de préparation étrangère, comme le karik et le beefsteak ; des assaisonnements, comme le caviar et le soy ; des boissons, comme le punch, le négus et autres.

Le café est devenu populaire : le matin comme aliment, et après dîner comme boisson exhilarante et tonique. On a inventé une grande diversité de vases, ustensiles et autres accessoires, qui donnent au repas une teinte plus ou moins marquée de luxe et de festivité ; de sorte que les étrangers qui arrivent à Paris trouvent sur les tables beaucoup d’objets dont ils ignorent le nom et dont ils n’osent souvent pas demander l’usage.

Et de tous ces faits on peut tirer la conclusion générale que, au moment où j’écris ces lignes, tout ce qui

  1. Il faut en essayer cinquante
    Avant que d’en trouver un bon.

    Il paraît que les melons tels que nous les cultivons n’étaient pas connus des Romains ; ce qu’ils appelaient melo et fispo n’étaient que des concombres qu’ils mangeaient avec des sauces extrêmement relevées. Apicius, De re coquinaria.