Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
DES SENS.

Ainsi, le toucher a rectifié les erreurs de la vue ; le son, au moyen de la parole articulée, est devenu l’interprète de tous les sentiments : le goût s’est aidé de la vue et de l’odorat ; l’ouïe a comparé les sons, apprécié les distances ; et le génésique a envahi les organes de tous les autres sens.

Le torrent des siècles, en roulant sur l’espèce humaine, a sans cesse amené de nouveaux perfectionnements, dont la cause, toujours active, quoique presque inaperçue, se trouve dans les réclamations de nos sens, qui, toujours et tour à tour, demandent à être agréablement occupés.

Ainsi, la vue a donné naissance à la peinture, à la sculpture et aux spectacles de toute espèce ;

Le son, à la mélodie, à l’harmonie, à la danse et à la musique, avec toutes ses branches et ses moyens d’exécution ;

L’odorat, à la recherche, à la culture et à l’emploi des parfums ;

Le goût, à la production, au choix et à la préparation de tout ce qui peut servir d’aliment ;

Le toucher, à tous les arts, à toutes les adresses, à toutes les industries ;

Le génésique, à tout ce qui peut préparer ou embellir la réunion des sexes, et, depuis François Ier, à l’amour romanesque, à la coquetterie et à la mode ; à la coquetterie surtout, qui est née en France, qui n’a de nom qu’en français, et dont l’élite des nations vient chaque jour prendre des leçons dans la capitale de l’univers.

Cette proposition, tout étrange qu’elle paraisse, est cependant facile à prouver ; car on ne pourrait s’exprimer avec clarté, dans aucune langue ancienne, sur ces trois grands mobiles de la société actuelle.

J’avais fait sur ce sujet un dialogue qui n’aurait pas