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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/339

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tinuellement inondées de flamme électrique, répandent dans le lieu saint une clarté qui a quelque chose de divin.

Le culte de la déesse est simple : chaque jour, au lever du soleil, ses prêtres viennent enlever la couronne de fleurs qui orne sa statue, en placent une nouvelle et chantent en chœur un des hymnes nombreux par lesquels la poésie a célébré les biens dont l’immortelle comble le genre humain.

Ces prêtres sont au nombre de douze, présidés par le plus âgé : ils sont choisis parmi les plus savants ; et les plus beaux, toutes choses égales, obtiennent la préférence. Leur âge est celui de la maturité ; ils sont sujets à la vieillesse, mais jamais à la caducité ; l’air qu’ils respirent dans le temple les en défend.

Les fêtes de la déesse égalent le nombre des jours de l’année, car elle ne cesse jamais de verser ses bienfaits ; mais parmi ces jours il en est un qui lui est spécialement consacré : c’est le vingt-un septembre, appelé le grand halel gastronomique.

En ce jour solennel, la ville-reine est, dès le matin, environnée d’un nuage d’encens ; le peuple, couronné de fleurs, parcourt les rues en chantant les louanges de la déesse ; les citoyens s’appellent par les titres de la plus aimable parenté ; tous les cœurs sont émus des plus doux sentiments ; l’atmosphère se charge de sympathie, et propage partout l’amour et l’amitié.

Une partie de la journée se passe dans ces épanchements, et à l’heure déterminée par l’usage, la foule se porte vers le temple où doit se célébrer le banquet sacré.

Dans le sanctuaire, aux pieds de la statue, s’élève une table destinée au collége des prêtres. Une autre table de douze cents couverts a été préparée sous le