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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/343

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ments s’y confondent : cet hommage des cœurs s’élève vers le ciel, et le service est fini.

Alors seulement commence le banquet populaire, car il n’est point de véritables fêtes quand le peuple ne jouit pas.

Des tables dont l’œil n’aperçoit pas la fin sont dressées dans toutes les rues, sur toutes les places, au-devant de tous les palais. On s’assied où l’on se trouve ; le hasard rapproche les rangs, les âges, les quartiers : toutes les mains se rencontrent et se serrent avec cordialité ; on ne voit que des visages contents.

Quoique la grande ville ne soit alors qu’un immense réfectoire, la générosité des particuliers assure l’abondance, tandis qu’un gouvernement paternel veille avec sollicitude pour le maintien de l’ordre, et pour que les dernières limites de la sobriété ne soient pas outre-passées.

Bientôt une musique vive et animée se fait entendre ; elle annonce la danse, cet exercice aimé de la jeunesse.

Des salles immenses, des estrades élastiques qui ont été préparées, et des rafraîchissements de toute espèce, ne manqueront pas.

On y court en foule, les uns pour agir, les autres pour encourager et comme simples spectateurs. On rit en voyant quelques vieillards, animés d’un feu passager, offrir à la beauté un hommage éphémère ; mais le culte de la déesse et la solennité du jour excusent tout.

Pendant longtemps ce plaisir se soutient ; l’allégresse est générale, le mouvement universel, et on entend avec peine la dernière heure annoncer le repos. Cependant personne ne résiste à cet appel ; tout s’est