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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/375

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meilleur que s’il eût été cuit dans une turbotière.

Cette décision n’étonna personne, puisque, n’ayant pas passé dans l’eau bouillante, il n’avait rien perdu de ses principes, et avait au contraire pompé tout l’arôme de l’assaisonnement.

Pendant que mon oreille se saturait à satisfaction des compliments qui m’étaient prodigués, mes yeux en cherchaient encore d’autres plus sincères dans l’autopsie des convives, et j’observai, avec un contentement secret, que le général Labassée était si content qu’il souriait à chaque morceau, que le curé avait le cou tendu et les yeux fixés au plafond en signe d’extase, et que, de deux académiciens aussi spirituels que gourmands qui se trouvaient parmi nous, le premier, M. Auger, avait les yeux brillants et la face radieuse comme un auteur qu’on applaudit, tandis que le deuxième, M. Villemain, avait la tête penchée et le menton à l’ouest comme quelqu’un qui écoute avec attention.

Tout ceci est bon à retenir, parce qu’il est peu de maisons de campagne où l’on ne puisse trouver tout ce qui est nécessaire pour constituer l’appareil dont je me servis dans cette occasion, et qu’on peut y avoir recours toutes les fois qu’il est question de faire cuire quelque objet qui survient inopinément et qui dépasse les dimensions ordinaires.

Cependant mes lecteurs auraient été privés de la connaissance de cette grande aventure, si elle ne m’avait pas paru devoir conduire à des résultats d’une utilité plus générale.

Effectivement, ceux qui connaissent la nature et les effets de la vapeur savent qu’elle égale en température le liquide qu’elle abandonne ; qu’elle peut même s’élever de quelques degrés par une légère concentration, et qu’elle s’accumule tant qu’elle ne prouve pas d’issue.